Titre : | Les Cahiers du Fil Rouge N°16-17 : Sur le précariat en hommage à Robert Castel | Type de document : | texte imprimé | Auteurs : | Alain Leduc, Auteur | Editeur : | Bruxelles : CFS- Collectif Formation Société | Année de publication : | 2012 | Importance : | 80 p | Langues : | Français | Catégories : | chomage ; Emploi ; Précarité ; Sociologie ; Travail
| Index. décimale : | F.01. Economie de la Culture | Note de contenu : | Ce nouveau numéro de FIL ROUGE est le fruit d’une rencontre, d’un mandat et finalement, d’une volonté sincère de rendre hommage à Robert Castel.
Une rencontre tout d’abord
Celle de Robert Castel, que nous avons invité à l’Université populaire de Bruxelles en février 2011. Philosophe et sociologue, Robert CASTEL a d’abord travaillé sur une approche sociologique de la maladie mentale. A partir des années ‘90, il devient Directeur d’études à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales et publie en 1995 « Les Métamorphoses de la question sociale », qui est resté LE texte de référence pour nos écoles sociales. Il y analyse la constitution de la société salariale, puis son effritement à partir du milieu des années ‘70. Il veut ainsi comprendre comment le salariat, qui fut d’abord une position méprisée, s’est petit à petit imposé comme modèle de référence. Mais il constate que ce modèle sera ensuite mis à mal par les transformations sociales qui auront lieu après la crise de années ‘70. Il travaille ensuite sur ces dégradations de la condition salariale, pour finalement « appeler « précariat » cette condition sous laquelle la précarité devient un registre propre de l’organisation du travail ».
Un mandat ensuite
Robert Castel n’a pas réponse à tout. Le contexte posé, l’exposé terminé, il nous incite à approfondir le travail. Le précariat est un concept « globalisant » qui recouvre des milliers de situations, toutes différentes, ce qui nous donne l‘impression d’itinéraires individuels de gens qui ont eu de la malchance avec l’emploi.
Nous contribuons à répondre ici à son appel à approfondir le concept, à lui donner chair, par des éclairages divers : celui d’enseignants, de syndicalistes, de philosophes, de sociologues, mais aussi de travailleurs sociaux de terrain « chargés de trouver du travail pour les chômeurs », de chômeurs en insertion, de sdf, de responsables de politiques locales d’emploi et de formation.
Nous avons récolté ces témoignages et produit ces analyses lors de plusieurs dizaines de journées ou soirées de travail, organisées par la FGTB, l’Université populaire, et des formations en éducation populaire à CFS et à Lire et Ecrire Bruxelles. Nous avons ainsi fait émerger les multiples réalités du précariat, nous appuyant sur plusieurs centaines d’itinéraires de vie relatés.
Un hommage enfin
Quand on travaille le concept de précariat et qu’on le fait vivre, quand on passe de l’abstraction aux réalités sociales vécues, des savoirs académiques aux savoirs populaires, un constat s’impose : le concept de précariat est utile, fondateur, il est en phase avec nos différentes approches, il est fédérateur, il nous donne un mot pour nous réunir et penser. Mais surtout il redonne une existence collective aux centaines de milliers de chômeurs « individualisés par les politiques d’activation », il les déculpabilise, il réhabilite tous ces demandeurs d’emploi qui sinon se sentent personnellement en échec. Chacun devenant tout à tour chômeur et travailleur, chaque chômeur pouvant travailler « au jour la journée » demain, chaque travailleur pouvant dévisser du monde du travail aussi rapidement, il nous permet aussi de raccrocher les précaires aux combats du monde du travail et des organisations syndicales.
Voilà pourquoi, au moment d’éditer nos travaux, nous souhaitions en faire aussi un hommage à Robert Castel, à la fois pour sa disponibilité, sa clarté, sa pertinence, son humilité, et pour la force de l’outil qu’il a mis entre nos mains. | En ligne : | http://ep.cfsasbl.be/sites/cfsasbl.be/ep/site/IMG/pdf/filrouge_16_17_web.pdf |
Les Cahiers du Fil Rouge N°16-17 : Sur le précariat en hommage à Robert Castel [texte imprimé] / Alain Leduc, Auteur . - Bruxelles : CFS- Collectif Formation Société, 2012 . - 80 p. Langues : Français Catégories : | chomage ; Emploi ; Précarité ; Sociologie ; Travail
| Index. décimale : | F.01. Economie de la Culture | Note de contenu : | Ce nouveau numéro de FIL ROUGE est le fruit d’une rencontre, d’un mandat et finalement, d’une volonté sincère de rendre hommage à Robert Castel.
Une rencontre tout d’abord
Celle de Robert Castel, que nous avons invité à l’Université populaire de Bruxelles en février 2011. Philosophe et sociologue, Robert CASTEL a d’abord travaillé sur une approche sociologique de la maladie mentale. A partir des années ‘90, il devient Directeur d’études à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales et publie en 1995 « Les Métamorphoses de la question sociale », qui est resté LE texte de référence pour nos écoles sociales. Il y analyse la constitution de la société salariale, puis son effritement à partir du milieu des années ‘70. Il veut ainsi comprendre comment le salariat, qui fut d’abord une position méprisée, s’est petit à petit imposé comme modèle de référence. Mais il constate que ce modèle sera ensuite mis à mal par les transformations sociales qui auront lieu après la crise de années ‘70. Il travaille ensuite sur ces dégradations de la condition salariale, pour finalement « appeler « précariat » cette condition sous laquelle la précarité devient un registre propre de l’organisation du travail ».
Un mandat ensuite
Robert Castel n’a pas réponse à tout. Le contexte posé, l’exposé terminé, il nous incite à approfondir le travail. Le précariat est un concept « globalisant » qui recouvre des milliers de situations, toutes différentes, ce qui nous donne l‘impression d’itinéraires individuels de gens qui ont eu de la malchance avec l’emploi.
Nous contribuons à répondre ici à son appel à approfondir le concept, à lui donner chair, par des éclairages divers : celui d’enseignants, de syndicalistes, de philosophes, de sociologues, mais aussi de travailleurs sociaux de terrain « chargés de trouver du travail pour les chômeurs », de chômeurs en insertion, de sdf, de responsables de politiques locales d’emploi et de formation.
Nous avons récolté ces témoignages et produit ces analyses lors de plusieurs dizaines de journées ou soirées de travail, organisées par la FGTB, l’Université populaire, et des formations en éducation populaire à CFS et à Lire et Ecrire Bruxelles. Nous avons ainsi fait émerger les multiples réalités du précariat, nous appuyant sur plusieurs centaines d’itinéraires de vie relatés.
Un hommage enfin
Quand on travaille le concept de précariat et qu’on le fait vivre, quand on passe de l’abstraction aux réalités sociales vécues, des savoirs académiques aux savoirs populaires, un constat s’impose : le concept de précariat est utile, fondateur, il est en phase avec nos différentes approches, il est fédérateur, il nous donne un mot pour nous réunir et penser. Mais surtout il redonne une existence collective aux centaines de milliers de chômeurs « individualisés par les politiques d’activation », il les déculpabilise, il réhabilite tous ces demandeurs d’emploi qui sinon se sentent personnellement en échec. Chacun devenant tout à tour chômeur et travailleur, chaque chômeur pouvant travailler « au jour la journée » demain, chaque travailleur pouvant dévisser du monde du travail aussi rapidement, il nous permet aussi de raccrocher les précaires aux combats du monde du travail et des organisations syndicales.
Voilà pourquoi, au moment d’éditer nos travaux, nous souhaitions en faire aussi un hommage à Robert Castel, à la fois pour sa disponibilité, sa clarté, sa pertinence, son humilité, et pour la force de l’outil qu’il a mis entre nos mains. | En ligne : | http://ep.cfsasbl.be/sites/cfsasbl.be/ep/site/IMG/pdf/filrouge_16_17_web.pdf |
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