Titre : | La belle illusion : Culture et politique sous le signe du front populaire 1935-1938 | Type de document : | texte imprimé | Auteurs : | Pascal Ory, Auteur | Editeur : | Paris [France] : Plon | Année de publication : | 1994 | Importance : | 1033 p | ISBN/ISSN/EAN : | 978-2-259-02683-3 | Langues : | Français | Catégories : | Histoire ; Politique culturelle
| Mots-clés : | Front Populaire | Index. décimale : | D.01. Politiques culturelles | Note de contenu : | De quoi s'agit-il ? D'une période très brève de l'histoire de France où « la nation réconciliée » vécut « l'illusion lyrique », le temps des cerises revenu, un temps où un intellectuel chef du gouvernement (Léon Blum), un jeune ministre de l'Education nationale (Jean Zay, 31 ans en 1936) et un jeune secrétaire d'Etat aux loisirs (Léo Lagrange, 35 ans en 1936) et leurs équipes, avec l'appui et la collaboration des syndicats, des associations, des mouvements, clubs et comités alors en plein essor, mais aussi des intellectuels, artistes et créateurs, organisent et magnifient la place de la culture dans cette France confrontée à la montée des périls : « Je prétends ici démontrer qu'il y a identité entre défense de la culture et défense de la nation » dit Aragon en 1937 et Edouard Dolléans, chef de cabinet de Léo Lagrange : « La culture nouvelle n'est plus un privilège (...), elle est un trait d'union. Elle est un lien ».
Cet investissement s'explique par ce que Pascal Ory appelle « la convergence » : les combats antifascistes qui rapprochent hommes politiques et hommes de culture ; la politique de « la main tendue » du Parti communiste et sa démarche de ré-appropriation culturelle ; les lois sociales (semaine de 40 h, congés payés) qui libèrent du temps pour les loisirs, et les progrès techniques (le cinéma pariant, la radio) qui rendent possible l'amorce de ce que Jean-François Sirinelli appelle ailleurs une « standardisation des pratiques culturelles ».
Ce cadre une fois tracé, on comprend mieux l'étendue du champ d'étude que Pascal Ory s'est assigné : les acteurs culturels (pouvoirs publics, créateurs, associations - mais les collectivités locales ne sont pas traitées ici), la création (livre, arts plastiques, musique, théâtre, cinéma, création scientifique), la médiation (information, éducation) et le loisir (sports, loisirs, fête). Evoquer dans le détail un travail aussi dense et un éventail aussi ouvert est une gageure que je ne me risquerai pas à relever, préférant m'autoriser d'une formule célèbre pour braconner à travers les terres de Pascal Ory - après deux rappels préalables : l'extrême brièveté de cette période (les socialistes resteront au gouvernement moins de deux ans) et l'absence de consensus (certains créateurs, l'équipe d'Esprit, les surréalistes ou les « sceptiques » comme Valéry ou Martin du Gard, refusant tout « embrigadement », alors que les intellectuels et la presse de droite fustigent « un Etat totalitaire, socialiste et athée », « les Soviets chez Molière » ou, bien sûr, « les réformes juives »). L'espèce d'allégresse, la « générosité », la joie d'être ensemble qui émanent de cette période (comme de ce livre) doivent donc être perçues comme doublement menacées, dans le temps et dans l'espace, par la montée des périls. Le contexte ainsi recadré, revenons au cœur du sujet. Je n'évoquerai que quelques voies de traverse, marquées par l'étonnante modernité des questions posées. |
La belle illusion : Culture et politique sous le signe du front populaire 1935-1938 [texte imprimé] / Pascal Ory, Auteur . - Paris (Rue Bonparte, 76, cédex 06, 75284, France) : Plon, 1994 . - 1033 p. ISBN : 978-2-259-02683-3 Langues : Français Catégories : | Histoire ; Politique culturelle
| Mots-clés : | Front Populaire | Index. décimale : | D.01. Politiques culturelles | Note de contenu : | De quoi s'agit-il ? D'une période très brève de l'histoire de France où « la nation réconciliée » vécut « l'illusion lyrique », le temps des cerises revenu, un temps où un intellectuel chef du gouvernement (Léon Blum), un jeune ministre de l'Education nationale (Jean Zay, 31 ans en 1936) et un jeune secrétaire d'Etat aux loisirs (Léo Lagrange, 35 ans en 1936) et leurs équipes, avec l'appui et la collaboration des syndicats, des associations, des mouvements, clubs et comités alors en plein essor, mais aussi des intellectuels, artistes et créateurs, organisent et magnifient la place de la culture dans cette France confrontée à la montée des périls : « Je prétends ici démontrer qu'il y a identité entre défense de la culture et défense de la nation » dit Aragon en 1937 et Edouard Dolléans, chef de cabinet de Léo Lagrange : « La culture nouvelle n'est plus un privilège (...), elle est un trait d'union. Elle est un lien ».
Cet investissement s'explique par ce que Pascal Ory appelle « la convergence » : les combats antifascistes qui rapprochent hommes politiques et hommes de culture ; la politique de « la main tendue » du Parti communiste et sa démarche de ré-appropriation culturelle ; les lois sociales (semaine de 40 h, congés payés) qui libèrent du temps pour les loisirs, et les progrès techniques (le cinéma pariant, la radio) qui rendent possible l'amorce de ce que Jean-François Sirinelli appelle ailleurs une « standardisation des pratiques culturelles ».
Ce cadre une fois tracé, on comprend mieux l'étendue du champ d'étude que Pascal Ory s'est assigné : les acteurs culturels (pouvoirs publics, créateurs, associations - mais les collectivités locales ne sont pas traitées ici), la création (livre, arts plastiques, musique, théâtre, cinéma, création scientifique), la médiation (information, éducation) et le loisir (sports, loisirs, fête). Evoquer dans le détail un travail aussi dense et un éventail aussi ouvert est une gageure que je ne me risquerai pas à relever, préférant m'autoriser d'une formule célèbre pour braconner à travers les terres de Pascal Ory - après deux rappels préalables : l'extrême brièveté de cette période (les socialistes resteront au gouvernement moins de deux ans) et l'absence de consensus (certains créateurs, l'équipe d'Esprit, les surréalistes ou les « sceptiques » comme Valéry ou Martin du Gard, refusant tout « embrigadement », alors que les intellectuels et la presse de droite fustigent « un Etat totalitaire, socialiste et athée », « les Soviets chez Molière » ou, bien sûr, « les réformes juives »). L'espèce d'allégresse, la « générosité », la joie d'être ensemble qui émanent de cette période (comme de ce livre) doivent donc être perçues comme doublement menacées, dans le temps et dans l'espace, par la montée des périls. Le contexte ainsi recadré, revenons au cœur du sujet. Je n'évoquerai que quelques voies de traverse, marquées par l'étonnante modernité des questions posées. |
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