Titre : | Professionnels versus amateurs | Type de document : | texte imprimé | Auteurs : | Dana Hilliot, Auteur | Importance : | 42 p | Langues : | Français | Catégories : | Analyse ; Statut de l'artiste
| Mots-clés : | Amateur professionnel | Index. décimale : | E.01.3. Analyse des acteurs culturels | Note de contenu : | A priori, rien n'oppose les amateurs et les professionnels. Les amateurs sont ceux qui aiment ce qu'ils font - et on suppose qu'un artiste amateur crée pour son plaisir d'abord, parce qu'il aime ce qu'il fait, et ensuite éventuellement, pour d'autres raisons. Rien n'empêche de ce point de vue l'amateur d'art d'en faire aussi son métier. C'est là mettre l'accent sur ce qui se joue au niveau du cœur - et le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas.
Qu'il y ait des artistes amateurs, je crois qu'on devrait toujours s'en étonner et même s'en réjouir : c'est la preuve que l'existence de l'homme ne se réduit pas à gagner sa pitance à force de travail, que l'homme n'est pas seulement une machine intéressée à accroître ses gains ou à garantir sa survie matérielle. Que nos lointains ancêtres aient su trouver la disponibilité d'esprit suffisante pour peindre des animaux sur les murs des grottes, que de tout temps et en toute société humaine, des hommes et des femmes consacrent une partie de leur vie à la création, malgré la précarité et les vicissitudes de l'existence, voilà qui devrait nous faire réfléchir à la pertinence des théories qui montrent l'homme comme une machine à produire et consommer pour l'amélioration de son bien-être. S'il fallait fonder à nouveau l'humanisme, on pourrait peut-être avec bonheur partir de là.
Les professionnels sont ceux qui ont fait profession publique de leur foi. L'étymologie est un jeu parfois amusant, et ce n'est pas sans arrière-pensée que je m'y réfère ici : la profession est d'abord une affaire de foi - mais la foi en tant qu'elle fait l'objet d'une déclaration publique, d'une exposition au su et au vu de tous. De ce point de vue, la différence entre l'amateur et le professionnel se joue sur la manière d'apparaître sur la place publique, c'est-à-dire qu'elle est déjà une différence de position sociale. D'une certaine manière, le sentiment qui pousse l'amateur à faire ce qu'il fait demeure une affaire privée, son jardin secret, tandis que celui du professionnel fait l'objet d'un positionnement social assumé publiquement. On pourrait donc distinguer ici une foi privée d'une foi publique. Quand bien même on évacuerait l'arrière plan religieux du champ sémantique du mot « professionnel », l'idée de vocation assumée, de choix rendu publique, n'en reste pas moins présente. | En ligne : | http://www.outsiderland.com/danahilliot/dana_writings/professionnelsversusamateu [...] |
Professionnels versus amateurs [texte imprimé] / Dana Hilliot, Auteur . - [s.d.] . - 42 p. Langues : Français Catégories : | Analyse ; Statut de l'artiste
| Mots-clés : | Amateur professionnel | Index. décimale : | E.01.3. Analyse des acteurs culturels | Note de contenu : | A priori, rien n'oppose les amateurs et les professionnels. Les amateurs sont ceux qui aiment ce qu'ils font - et on suppose qu'un artiste amateur crée pour son plaisir d'abord, parce qu'il aime ce qu'il fait, et ensuite éventuellement, pour d'autres raisons. Rien n'empêche de ce point de vue l'amateur d'art d'en faire aussi son métier. C'est là mettre l'accent sur ce qui se joue au niveau du cœur - et le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas.
Qu'il y ait des artistes amateurs, je crois qu'on devrait toujours s'en étonner et même s'en réjouir : c'est la preuve que l'existence de l'homme ne se réduit pas à gagner sa pitance à force de travail, que l'homme n'est pas seulement une machine intéressée à accroître ses gains ou à garantir sa survie matérielle. Que nos lointains ancêtres aient su trouver la disponibilité d'esprit suffisante pour peindre des animaux sur les murs des grottes, que de tout temps et en toute société humaine, des hommes et des femmes consacrent une partie de leur vie à la création, malgré la précarité et les vicissitudes de l'existence, voilà qui devrait nous faire réfléchir à la pertinence des théories qui montrent l'homme comme une machine à produire et consommer pour l'amélioration de son bien-être. S'il fallait fonder à nouveau l'humanisme, on pourrait peut-être avec bonheur partir de là.
Les professionnels sont ceux qui ont fait profession publique de leur foi. L'étymologie est un jeu parfois amusant, et ce n'est pas sans arrière-pensée que je m'y réfère ici : la profession est d'abord une affaire de foi - mais la foi en tant qu'elle fait l'objet d'une déclaration publique, d'une exposition au su et au vu de tous. De ce point de vue, la différence entre l'amateur et le professionnel se joue sur la manière d'apparaître sur la place publique, c'est-à-dire qu'elle est déjà une différence de position sociale. D'une certaine manière, le sentiment qui pousse l'amateur à faire ce qu'il fait demeure une affaire privée, son jardin secret, tandis que celui du professionnel fait l'objet d'un positionnement social assumé publiquement. On pourrait donc distinguer ici une foi privée d'une foi publique. Quand bien même on évacuerait l'arrière plan religieux du champ sémantique du mot « professionnel », l'idée de vocation assumée, de choix rendu publique, n'en reste pas moins présente. | En ligne : | http://www.outsiderland.com/danahilliot/dana_writings/professionnelsversusamateu [...] |
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