Titre de série : | Art Press, 352 | Titre : | Broderie et art contemporain | Type de document : | texte imprimé | Auteurs : | Catherine Millet, Auteur ; Richard Leydier, Auteur ; Stéphane Malfettes, Auteur | Editeur : | Paris [France] : Art Press | Année de publication : | 2009 | Importance : | 98 p | Langues : | Français | Catégories : | Art plastique
| Index. décimale : | C.04. Arts plastiques | Note de contenu : | Celles, qui ont, sans aucun doute, posé la première pierre sont les artistes de l’avant-garde russe : Sonia Delaunay et Natalia Gontcharova. Membres actifs des avants gardes elles travaillent en égal des hommes. Natalia Gontcharova, qui est, avec son compagnon Larionov, à l’origine du « néo-primitivisme », cherche très tôt à transposer ses recherches plastiques aux arts décoratifs. Lorsqu’en 1914 Diaghilev - qui lui voue une véritable admiration - lui demande de créer les décors et costumes pour le ballet le Coq d’or, Gontcharova s’attache à allier folklore russe, notamment en s’inspirant des costumes populaires, et modernité. Comme dans sa création picturale où elle réaffirme le patrimoine oriental des arts traditionnels russe, qu’elle réinterprète en une formule moderniste, nous retrouvons la même profusion coloriste dans ces costumes à dominantes rouge et jaune. A l’inverse, les « uniformes » qu’elle conçoit pour les Noces de Stravinsky, que monte Diaghilev en 1923, sont à la limite de l’abstraction et ont perdu toutes traces de folklore pour laisser place à une uniformisation et une sobriété, qui ne sont pas sans lien avec la Révolution de 1917. Après cette dernière et dénuées de soutiens financiers, les artistes restées à Paris comme Sonia Delaunay, mettent de côté leurs productions picturales pour se tourner vers les arts décoratifs afin de subvenir aux besoins de leurs familles. Ce choix économique et politique, recouvre aussi des enjeux esthétiques. Dès 1911, Sonia Delaunay ressent le besoin d’appliquer sa facture simultanée à d’autres supports. Ainsi en 1913, après avoir peint son « chef d’œuvre simultané »[1] Le Bal Bullier, elle crée sa première « robe simultanée », abolissant les frontières entre art et artisanat. Suivront des écharpes, des manteaux, des pyjamas, des costumes de ballets, qui relèvent tous du principe du collage[2]. Diffusées dans le monde entier, les créations de Sonia Delaunay bouleversent les codes de la mode, si bien qu’elles inspirent mêmes des poèmes à Tristan Tzara, Philippe Soupault et Joseph Delteil. Ces derniers chantent les couleurs vibrantes et les lignes dansantes de Sonia Delaunay. L’artiste voit dans ses créations l’occasion d’étendre l’art à la vie, d’animer, de donner vie à ses recherches plastiques. Sonia Delaunay est ainsi de toutes les révolutions. Avec sa boutique Simultanée ouverte en 1925, elle confirme l’évolution économique et sociale du statut de la femme - accession aux droits civiques, aux fonctions masculines - en raccourcissant la jupe, libérant la taille et négligeant la poitrine. Avec ses décors et costumes de ballets elle contribue à « l’utopie » de l’art total qui sera développé par les artistes de Stijl, du Bauhaus, et de Merz. Enfin, elle fait passer la femme, du statut de simple « petites mains » à celui de conceptrice, de créatrice à part entière, tout en impulsant l’institution des arts textiles comme art ayant droit de cité dans les écoles d’art, comme ce sera le cas au Bauhaus. |
Art Press, 352. Broderie et art contemporain [texte imprimé] / Catherine Millet, Auteur ; Richard Leydier, Auteur ; Stéphane Malfettes, Auteur . - Paris (8, rue François Villon, 75015, France) : Art Press, 2009 . - 98 p. Langues : Français Catégories : | Art plastique
| Index. décimale : | C.04. Arts plastiques | Note de contenu : | Celles, qui ont, sans aucun doute, posé la première pierre sont les artistes de l’avant-garde russe : Sonia Delaunay et Natalia Gontcharova. Membres actifs des avants gardes elles travaillent en égal des hommes. Natalia Gontcharova, qui est, avec son compagnon Larionov, à l’origine du « néo-primitivisme », cherche très tôt à transposer ses recherches plastiques aux arts décoratifs. Lorsqu’en 1914 Diaghilev - qui lui voue une véritable admiration - lui demande de créer les décors et costumes pour le ballet le Coq d’or, Gontcharova s’attache à allier folklore russe, notamment en s’inspirant des costumes populaires, et modernité. Comme dans sa création picturale où elle réaffirme le patrimoine oriental des arts traditionnels russe, qu’elle réinterprète en une formule moderniste, nous retrouvons la même profusion coloriste dans ces costumes à dominantes rouge et jaune. A l’inverse, les « uniformes » qu’elle conçoit pour les Noces de Stravinsky, que monte Diaghilev en 1923, sont à la limite de l’abstraction et ont perdu toutes traces de folklore pour laisser place à une uniformisation et une sobriété, qui ne sont pas sans lien avec la Révolution de 1917. Après cette dernière et dénuées de soutiens financiers, les artistes restées à Paris comme Sonia Delaunay, mettent de côté leurs productions picturales pour se tourner vers les arts décoratifs afin de subvenir aux besoins de leurs familles. Ce choix économique et politique, recouvre aussi des enjeux esthétiques. Dès 1911, Sonia Delaunay ressent le besoin d’appliquer sa facture simultanée à d’autres supports. Ainsi en 1913, après avoir peint son « chef d’œuvre simultané »[1] Le Bal Bullier, elle crée sa première « robe simultanée », abolissant les frontières entre art et artisanat. Suivront des écharpes, des manteaux, des pyjamas, des costumes de ballets, qui relèvent tous du principe du collage[2]. Diffusées dans le monde entier, les créations de Sonia Delaunay bouleversent les codes de la mode, si bien qu’elles inspirent mêmes des poèmes à Tristan Tzara, Philippe Soupault et Joseph Delteil. Ces derniers chantent les couleurs vibrantes et les lignes dansantes de Sonia Delaunay. L’artiste voit dans ses créations l’occasion d’étendre l’art à la vie, d’animer, de donner vie à ses recherches plastiques. Sonia Delaunay est ainsi de toutes les révolutions. Avec sa boutique Simultanée ouverte en 1925, elle confirme l’évolution économique et sociale du statut de la femme - accession aux droits civiques, aux fonctions masculines - en raccourcissant la jupe, libérant la taille et négligeant la poitrine. Avec ses décors et costumes de ballets elle contribue à « l’utopie » de l’art total qui sera développé par les artistes de Stijl, du Bauhaus, et de Merz. Enfin, elle fait passer la femme, du statut de simple « petites mains » à celui de conceptrice, de créatrice à part entière, tout en impulsant l’institution des arts textiles comme art ayant droit de cité dans les écoles d’art, comme ce sera le cas au Bauhaus. |
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